ARIANE DELACAMPAGNE PHOTOGRAPHER

BIOGRAPHIE

Ariane Delacampagne, née de parents d’origine arménienne, a fait ses études à l’Université américaine de Beyrouth (Liban).

En 1984, après la guerre civile libanaise, elle s’installe à New York, où elle prend des cours au International Center for Photography. Elle s’intéresse très tôt à la photographie de rue, attirée par l’énergie qui s’en dégage. Inspirée du travail de Gary Winogrand, de Lee Friedlander et de William Eggleston, elle photographe des villes comme Tokyo, Shanghai, Beijing, Hanoi, Yangon, Luang Prabang, Fez et le Caire.

Passionnée de flamenco, elle obtient en 2004 une commande pour produire une série de photos sur cet art qui l’attire par son côté sans concessions. Elle se rend en France, en Espagne et au Japon et photographie des professionnels et des amateurs dans leurs moments d’énergie pure, leurs explosions de joie et de tristesse. Elle explore le flamenco comme un état d’esprit, s’efforçant de saisir le duende, associé à un souffle sacré, un état de transe, de possession.

Son intérêt pour ses origines arméniennes la ramène au Liban, où elle photographie depuis quelques années les habitants de Bourj Hammoud, quartier arménien du nord-est de Beyrouth, à l’origine un camp de réfugiés et aujourd'hui une des municipalités les plus prospères du Liban sur les plans économique et industriel. Les Arméniens commencent toutefois à quitter le pays au début de la guerre civile en 1975, à la recherche de lendemains meilleurs, un mouvement qui ne cesse de s’amplifier avec les bouleversements dans la région et qui reflète la situation de bien des minorités au Moyen-Orient.

Ariane Delacampagne utilise un appareil argentique et photographie en noir et blanc et en couleurs. Elle a exposé en France, en Espagne, au Liban, au Maroc et à New York.

Projet flamenco
Chargée de produire une série de photos sur le flamenco pour une exposition à Nîmes, Ariane Delacampagne se met à photographier des aficionados prenant des cours chez Fazil à New York, un studio de danse fréquenté jadis par Fred Astaire, Jim Cagney ou Gregory Hines, qui n’existe plus. Elle poursuit son travail lors des festivals de flamenco à Mont-de-Marsan et à Montpellier où elle photographie des stars comme Farruco, Belén Maya ou Mercedes Ruiz.

Toujours dans le sud de la France, elle photographie les pèlerins aux Saintes-Maries-de-la-Mer, à l’occasion d’un des plus grands rassemblements religieux de gitans en Europe et lieu du culte de Sarah, leur patronne. Au cours de ce pèlerinage, la ferveur religieuse alterne avec les explosions de joie et les danses et chants spontanés qui se prolongent tard dans la nuit.

En Espagne, elle photographie les danseurs dans le mythique studio de danse de Madre de Díos à Madrid, les tablaos de Séville, les ferias de Jerez et les peñas de Cadix. Elle photographie le flamenco en tant que façon de vivre. Ses photographies font l’objet d’un livre, « Duende, Visages et Voix du Flamenco », avec un texte de Christian Delacampagne, publié aux éditions de l’Archange Minotaure (2007, France).

Le Projet arménien
Les Arméniens font partie des 18 communautés religieuses reconnues au Liban, dont le système politique repose sur un partage du pouvoir entre les différentes confessions. C’est seulement en réaction à la tentative de génocide déclenchée contre eux, en 1915, par les dirigeants ottomans, que les Arméniens de Turquie ont commencé à s’exiler en direction du sud : en Syrie d’abord puis, à partir de la fin des années 1920, au Liban. C’est surtout dans une banlieue située au nord-est de la capitale, Beyrouth, surnommée Bourj Hammoud, qu’ils ont entrepris de se regrouper et de se réinventer une vie communautaire. Les tentes et les baraques de cette zone marécageuse dans les années 1930 ont lentement fait place à de petits immeubles et à des maisons modestes au rez-de-chaussée desquelles se sont installées des échoppes d’artisans et des boutiques. Des églises ont fait leur apparition, ainsi que des écoles arméniennes, tandis que des services sanitaires et sociaux se sont reconstitués grâce au secours financier de la diaspora arménienne dans le monde, afin de venir en aide aux personnes âgées ou aux descendants de ceux qui n’étaient parvenus à s’enfuir qu’en abandonnant leurs biens sur place.

Les Arméniens sont parvenus à s’intégrer à la société libanaise tout en conservant leur langue, principal moyen de communication. L’existence de nombreuses organisations culturelles, d’instituts d’enseignement et la presse arménienne ont créé une atmosphère bien distincte, dans ce quartier principalement peuplé d’Arméniens, où l’on voit des enseignes aussi bien en arménien qu’en arabe, en français et en anglais. La zone, très authentique, regorge d’activités. Cependant, dans les jours troublés que traverse le Liban, les descendants des survivants de 1915 songent de plus en plus fréquemment à refaire une nouvelle fois leur vie sur un autre continent. La spéculation immobilière menace par ailleurs leur quartier, situé non loin de la mer.

Ariane Delacampagne photographie les Arméniens de Bourj Hammoud depuis plusieurs années, chez eux, dans leurs échoppes d’artisans, leurs fabriques, au cours de leurs activités familiales ou culturelles. Elle a eu notamment l’occasion de photographier les habitants de Camp Sandjak, datant de l’époque du génocide, qui a été à présent détruit, en raison de la fièvre immobilière.

Photographie de rue
Ariane Delacampagne photographie depuis plusieurs années les gens dans les villes de l’Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient et d’Europe. Au-delà des rues regorgeant d’activité, elle est fascinée par la concentration d’énergie et l’authenticité qui en fait un théâtre vivant permanent, dénué d’artifices.